Dans le cadre de l’étude des politiques du concept de développement, nous verrons comment l’Etat les mène, quelles mesures il prend et surtout sous quelles contraintes. Mais, il convient d’abord de définir le concept de « développement » et d’en délimiter les contours.
Objet de plusieurs débats politiques et économiques actuels, l’étude de ce concept, qui est la recherche du bien-être des hommes, ne peut être faite à l’écart de ses dimensions contemporaines.
En effet, ce bien-être n’est guère escompté pour aujourd’hui uniquement, mais pour demain également ; sinon qu’en est-il des générations futures ? d’où la notion du développement durable.
Par ailleurs, toute politique de développement excluant l’homme est évidemment dénuée de sens et vouée au blocage. L’homme étant au centre de toutes les approches actuelles, le développement humain est alors à l’ordre du jour.
Enfin, si les concepts « développé », « en voie de développement » et « sous-développé » ne sont pas quantitativement mesurables, certains indicateurs spécifiques permettent d’attribuer ces qualificatifs aux pays du monde pour en dresser une classification en la matière.
Avant l’avènement de l’école marxiste dans les années 70 du 19ème siècle, le développement était considéré comme un phénomène naturel, pour devenir depuis lors une chose à définir et surtout à provoquer.
Le développement étant un phénomène complexe et multidimensionnel, un pays est dit développé si certains aspects de ses structures économiques et sociales affichent des niveaux satisfaisants ; d’où la notion du bien-être qui nous mène vers une première définition du développement qui désigne le degré de satisfaction des besoins jugés prioritaires par la population.
François Perroux nous propose une autre interprétation intéressante du développement et le qualifie comme étant « une combinaison des changements sociaux et mentaux d’une population qui la rendent apte à croître durablement son produit réel global ».
Quoi qu’il en soit, la distinction développés/sous-développés entre les pays insinue que ceux-ci sont tous en voie de développement mais avec un différentiel d’avance ou de retard.
L’on confond souvent développement et croissance. Or, il existe bel et bien différence entre les deux termes.
En effet, le développement est un concept qui décrit la dynamique du changement qualitatif d’une société ; tant que ce changement s’achemine vers le mieux, la société tend à se développer, et inversement.
La croissance, quant à elle, désigne le changement quantitatif du rythme de production d’un pays, dont le niveau est mesurable et chiffré. Autrement dit, c’est l’élévation du revenu par tête et du produit intérieur brut (PIB).
Si le développement est la satisfaction des besoins essentiels de la population, le développement durable n’est autre que cette même satisfaction mais dans le temps.
Les générations se succèdent, il y a lieu donc d’adopter une approche dynamique, prévoir la durabilité du développement et maintenir celle-ci au fil du temps pour leur garantir le bien-être.
Mais, une évidence s’impose à ce niveau. En se développant, l’on puise dans l’environnement. Celui-ci tend à se déprécier et l’on sait qu’un environnement dégradé constitue un obstacle aux possibilités de développement.
Le processus de développement ne peut se passer des ressources naturelles. Il est donc naturel que le concept « développement durable » soit intimement lié à des enjeux environnementaux :
- Epuisement des ressources naturelles ;
- Pollution ;
- Contradictions engendrées par l’accumulation et la concentration des richesses.
Tout ceci mène à penser à préserver l’environnement ou à renouveler ses ressources au profit des générations futures et concilier croissance économique, dynamique sociale et contrainte environnementale.
Voir aussi :
les principaux indicateurs macroéconomiques
l’analyse macro environnement de l'entreprise
Outre le capital naturel (eaux, forêt, gisements miniers, ressource halieutiques…), le capital humain constitue un autre potentiel de développement durable, d’où la naissance du concept de « développement humain ».
L’aspect humain complète l’étude du développement. Dans une perspective de permettre l’épanouissement de l’homme, celui-ci est à satisfaire quant à ses besoins essentiels.
Le niveau de développement d’un pays dépendra ainsi non seulement du rythme de sa croissance économique mais aussi et surtout de son avancée ou de son retard en matière de développement humain qui est la satisfaction des besoins humains. Cette dernière est mesurable à travers l’Indice de Développement Humain (IDH).
L’IDH est un indice composite regroupant, en plus de l’indice du revenu (PIB) par tête, l’indice d’éducation et de santé (plan santé 2025), l’indice d’espérance de vie, le degré d’ouverture sur l’innovation et bien d’autres indicateurs sociaux.
Si plusieurs pays arrivent à atteindre une croissance économique soutenue, il n’en demeure pas moins que certains d’entre eux reculent encore en termes d’inégalités sociales, de seuil de pauvreté, de revenu moyen, d’accès aux soins et à l’éducation. On ne peut donc les qualifier de développés pour leur seule performance économique.
Si l’on veut construire une définition au sens étroit des PED, celle-ci désignera les pays dont le processus de développement est amorcé, en ce sens que les changements évolutifs y sont en faveur de l’homme et de la société.
En termes quantitatifs, les PED sont ceux à indice de développement humain (IDH) rassurant comme le prescrit le PNUD.
Selon l’ONU les PED sont les pays listés en dehors de l’OCDE ou la CEI. Alors que la Banque Mondiale leur applique une classification basée sur le PIB par tête.
Une définition pragmatique des PED distingue les pays dépendants qui échangent encore leurs produits primaires contre des produits manufacturés, de ceux qui ont fini avec la division Nord-Sud en se plaçant aux premiers rangs mondiaux des exportations industrielles, à l’image de certains pays d’Asie de l’Est et du Sud-Est.
Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : il y a dichotomie entre économie de marché et développement des nations, dans la mesure où bon nombre de pays à économie libérale dégagent un recul au niveau de leur IDH.
Enfin, outre les concepts que l’on vient de voir, bien d’autres en lien direct avec le développement sont à intégrer dans tout processus de développement contemporain.
Il s’agit des notions d’éthique et de transparence, d’équilibre dans les relations entre le Nord et le Sud, du concours de la société civile à l’action publique, de gouvernance.