Avant de tenter de donner une définition de l'entreprise, nous allons montrer qu'on peut la voir comme un système avec sa structure interne et les relations qu'elle entretient avec son environnement.
Les entreprises actuelles possèdent une diversité de tailles et de propriétaires. Avant de la définir, explorons l'entreprise en tant que système, avec sa structure interne et ses relations environnementales.
Les exemples ci-dessus montrent que les entreprises interviennent dans tous les secteurs, agriculture, industrie, commerce, etc., qu'elles emploient une seule personne ou plusieurs milliers, que leurs propriétaires peuvent être une ou plusieurs personnes physiques ou une personne morale (une autre entreprise ou l'Etat).
L'entreprise se présente comme une entité immergée dans son environnement. On distingue ce qui est interne à l'entreprise de ce qui est externe. L'environnement a été lui-même subdivisé en environnement national et environnement international.
Fait partie de la structure interne de l'entreprise son personnel, ses moyens matériels (bâtiments, machines, capitaux), les connaissances technologiques accumulées et organisées, et enfin les actionnaires en tant qu'apporteurs de capitaux et preneurs de risques. Le chef d'entreprise doit combiner au mieux toutes ces personnes et ses ressources matérielles et immatérielles pour obtenir un résultat. Ce dernier est très variable selon les buts que se fixe l’entreprise et on devra les préciser afin de pouvoir mieux définir une politique optimale. Le moyen de réaliser ces buts passe par la production de biens ou de services. Deux concepts fondamentaux en la matière doivent être développer : le processus de production et le coût de production.
L’entreprise n'est pas un système fermé sur elle-même comme l'ont été certaines organisations voulant tout faire. Elle ne peut faire de profit qu'en vendant sa production sur un marché et elle ne peut produire avec ses seules ressources. Elle achète tout ce dont elle a besoin : fournitures, connaissances technologiques etc.
La combinaison des facteurs de production doit obéir à certaines règles. Le droit du travail réglemente les relations entre les dirigeants et les salariés, le droit commercial celles de l'entreprise avec ses fournisseurs et ses clients, le droit de l'environnement celles du processus de production avec les ressources naturelles (eau, paysage, air etc.). Même l'environnement politique doit être pris en compte. Il est des moments propices pour mener certaines actions et d'autres pas (Schneider). Le marché financier constitue un moyen d'augmenter les ressources financières à la disposition des entreprises.
L'environnement international constitue le troisième cercle de la figure. La ligne le séparant de l'environnement national a longtemps été relativement étanche. Certes les échanges de marchandises sont permis depuis très longtemps mais pour le reste (le droit du travail, le marché financier, l'environnement politique), les relations étaient restreintes au minimum jusqu'à une époque récente car les nations conservaient des prérogatives très importantes. Ces frontières tendent à s'amincir. Il faut sans doute conserver la ligne sur la figure parce que l'évolution est récente et que des retours en arrière sont possibles. Si des frontières s'estompent, ce n'est pas un phénomène général. On voit l'Europe se former et s'organiser mais en Europe même, on voit aussi des pays se diviser, pacifiquement ou non.
En fait les économistes ont deux définitions de l'entreprise qui proviennent de la dichotomie de la discipline : la macro-économie et la micro-économie.
La macro-économie traite de l'économie nationale dans son ensemble en s'appuyant sur la comptabilité nationale. Les auteurs construisent des modèles où les variables explicatives sont des agrégats nationaux tels le revenu national, la consommation nationale ou la formation brute de capital fixe (l'investissement), etc. L'entreprise est alors vue comme l'agent économique chargé de la production de biens et services par opposition aux ménages qui consomment les produits ainsi obtenus.
La micro-économie s'intéresse aux comportements de chaque agent économique pris isolément. L'entreprise apparaît comme une organisation composée d'hommes et de moyens, capitaux physiques et financiers, savoir-faire, etc., réunis de manière à produire des biens ou des services pour atteindre un objectif à déterminer.
Ces définitions s'appliquent à tous les exemples vus plus haut ainsi qu'à ceux que nous aurions pu prendre dans des pays à régimes économiques différents. Dans l'ex-URSS, il existait des milliers d'entreprises répondant à la première définition.
Mais la deuxième pose au moins deux problèmes. La première porte sur la nature de l'objectif poursuivi par l'entreprise, le second sur la distinction entreprise/entrepreneur.
L'objectif d'une entreprise n'est pas de produire contrairement à une idée très répandue. La production de biens et de services est un moyen pour réaliser certains objectifs. Peugeot ou Renault ne fabriquent pas des voitures pour fabriquer des voitures. Notre agriculteur ne produit pas du blé pour produire du blé. En l'espèce, il cherche à gagner sa vie. L'objectif de Peugeot ou de Carrefour est peut-être de faire du profit.
Par ailleurs, le mot entrepreneur possède plusieurs sens. Pour certains économistes, l'entrepreneur est un dirigeant possédant des qualités particulières. Il met en œuvre de nouvelles productions, de nouvelles manières de produire, de vendre... Bref, le concept d'entrepreneur est à relier à celui d'innovation tout autant qu'à celui d'entreprise. Pour d'autres est entrepreneur celui qui dirige une entreprise.
Après les points de vue du gestionnaire et de l'économiste, un dernier point de vue est à retenir, celui que nous attribuons au sociologue à défaut d'autre terme.
Car l'entreprise est aussi une institution sociale. Les gens qui y travaillent y passent une bonne partie de leur vie, elle leur fournit leur revenu et donne parfois un sens à leur vie. Une institution qui joue un rôle aussi important doit être "contrôlée". Ce mot doit être entendu dans un sens flou comme c'est souvent le cas en sociologie. Mais flou ne signifie pas négligeable ou inutile, bien au contraire : le dirigeant de l'entreprise doit veiller à ce que son entreprise soit ressentie comme légitime. Ce souci doit être permanent dès l'instant où elle pèse lourd là où elle se trouve.
Au-delà de la simple production des biens/services, l'entreprise est influencée par des facteurs internes et externes, poursuit des objectifs divers, faisant d'elle une institution complexe et fondamentale dans la société.